Témoignage d’une « ex-burnaoutée » anonyme

Tsunami – Source Pixabay

« 1 er avril 2019, pas de poisson mais un Tsunami se profile au loin et le remous des vagues a déjà
commencé …
C’est la fin de la journée, plutôt prématurée à l’inverse des précédentes, et je décide ce soir-là
d’écouter ma petite voix intérieure pour la 1ère fois depuis des années. Je quitte mon bureau sans me retourner, sans saluer ma chef de service et mes collègues et en laissant là, ce que je ne
soupçonnais pas encore, 29 ans de bons et loyaux services …
Trop, trop de charge de travail, trop d’heures cumulées, trop d’investissement pour trop peu de
reconnaissance, trop peu de considération, trop de promesses non tenues, trop de conflits, trop
d’abus de pouvoir, trop de stress, trop de post-it sur le bureau, trop de choses en tête, trop peu de sommeil, trop de réveils aux aurores, trop de soirées écourtées en famille, trop de trajet, mais aussi trop d’arythmie, trop peu de tension, trop de tendinites à répétition, trop d’alertes, trop de déni, trop, trop, trop …


J’ai fini par écouter et surtout entendre tous ceux qui, depuis des années, me suppliaient d’arrêter : médecins de famille et du travail, famille, amis, collègues mais aussi contacts professionnels proches. Je me suis donc arrêtée. Il s’agissait pour moi d’un arrêt à court terme mais mes médecins ont vu ça sous un autre angle et ont mis un nom sur cet arrêt, un nom pour moi inacceptable et honteux : Burn-out. « Ce sont les faibles, les fragiles qui ont un burn-out, pas moi ! »


Mais paraît-il que ce sont les personnes les plus investies, les plus engagées, les plus acharnées
au travail qui font des burn-out.


Je devais me reposer, prendre soin de moi et le retour au bureau n’était plus compatible avec mon état de santé. Alors, le tsunami a déferlé et m’a emportée …


Anéantie par ce chaos, ce combat douloureux, ces mois interminables, un nouveau fléau a pris le
dessus : la Dépression et avec elle la perte d’estime de soi, de confiance en soi, l’isolement, la
coupure radicale et voulue avec mes meilleurs collègues et amis, la gêne pour ne pas dire la honte de ne plus faire partie du monde actif, moi qui avais travaillé sans relâche depuis tant d’années, moi qui avais bravé tous les maux, toutes les alertes. Je me suis raccrochée, comme j’ai pu, aux soutiens et aux fidélités sans faille et les mois ont passé … Le parcours a été long, pénible … et j’ai pu sortir la tête de l’eau.


La question aujourd’hui est : « le burn-out est-il destructeur ou bien salvateur ? Que doit-on retenir de cette expérience ? »


Certes, le burn-out est une souffrance physique, morale et psychologique. J’ai perdu des personnes auxquelles je tenais, j’ai perdu mon emploi, des avantages et un salaire plutôt confortables, … mais j’ai gagné un meilleur sommeil, une meilleure santé, je suis plus disponible pour mes proches, j’ai rencontré des personnes formidables, j’ai construit petit à petit un réseau, je n’ai rien perdu de mes compétences que j’ai pu étoffer en me formant et en passant des certifications.


Aujourd’hui, je mets à profit ces nouvelles compétences et mon objectif est de privilégier l’humain dans mon cœur de métier en accompagnant les transitions et évolutions professionnelles. Je veux aider les personnes qui ne savent pas ou plus vers quel avenir professionnel se tourner, les personnes que l’on empêche d’évoluer au sein d’une société.

Aujourd’hui, ce sont mes valeurs que je souhaite mettre en avant : Respect – Bienveillance –
’Empathie – Considération – Intégrité – Loyauté – La Justice.


Alors, oui on peut dire que le burn-out est un mal pour un bien. Et je retiens de cette expérience qu’il faut écouter son corps mais aussi son cœur. »

C’est un témoignage que j’ai reçu, qui montre à quel point la honte de faire un burn out est encore ancrée dans les mentalités, et retarde les arrêts. Et que les personnes atteintes même une fois remise ont toujours honte d’avoir traversé ce mal-être.

Que les personnes atteintes n’entendent pas forcément les alertes car le déni fait partie intégrante du processus de burn-out.

Un trop de trop qui déborde, qui provoque alors un tsunami quand le diagnostic tombe.

Une honte qui s’installe car nous ne pouvons plus être dans le monde actif.

Un long chemin de récupération, et de reconstruction se met alors en place, quand nous nous l’autorisons enfin.

Il peut être beau, et ponctué de belles rencontres, et de nouvelles expérimentations.

Le mien a d’ailleurs été absolument incroyable de ce côté-là, et il continue !!

Vient alors le moment où un nouveau départ est possible, où l’on entrevoit une nouvelle direction, et où la vitalité que l’on a au fond de nous revient un beau jour, permet de surmonter ce mal être, et d’en faire une force.

Ce qui est bon, comme exprimé dans ce témoignage, c’est que nous ne perdons aucune compétence nous les étoffons 😀, et le plus souvent comme elle qui souhaite garder l’anonymat, comme moi-même nous les mettons au service des autres pour les accompagner avant, pendant, et/ou après. Transmettre les clés et les ressources que nous avons découvert …

J’espère que ce témoignage anonyme vous aura apporté un éclairage, et vous permettra de vous questionner, de vous inspirer.

Bonne journée.

Virginie lemaire

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